“Fan Man” de William Kotzwinkle (Cambourakis, 2008, 2017)

On vient de se prendre un vent tellement intense que l'on est toujours en train de tourner. "Fan Man" est incroyable ; "Fan Man" c'est la vie en mouvement, c'est la langue qui se délie et la pensée qui fuse en flèche, torpillant tout sur son passage, virevoltant entre les nuages. Edité en 2008 par Cambourakis, nous ne le lisons seulement maintenant et notre monde vient de voir ses pôles s'inverser !

"Fan Man" c'est la logorrhée complètement cramée du bulbe et à la fois génialement lucide de son héros Horse Badorties, grand loser magnifique au sens des affaires hors du commun, à la collectionnite aigue, artiste touché par la grâce et le syndrome de Diogène, bref personnage baroque comme on en voit peu et comme seule la littérature états-unienne nous en procure. Il ne demande aucune empathie mais nous embarque de force dans son train bariolé au fil de ses pensées et de ses occupations ô combien productives, son émerveillement constant face à l'harmonie du monde et des différentes composantes de son existence sur ce caillou céleste qu’on appelle la Terre. (Il tendrait même bien ses bras vers Ignatius, héros de "La Conjuration des imbéciles" de son compatriote et contemporain Kennedy Toole.)

Ils sont rares ces livres qui nous catapultent dans des sphères de jubilation pure, qui arrivent à toucher du doigt, dans leur traduction, la souplesse linguistique de la langue anglo-saxonne et nous faire entrer dans la valse de l'oralité flamboyante, éruptive en diable. Quel voyage nous offrent William Kotzwinkle et Nicolas Richard, main dans la main auteur et traducteur de génie. On a beau se trouver dans une langue que l'on pourrait qualifier en partie de « vulgaire », la littérature, la vraie (comme dirait l'autre) se joue ici aussi, dans le dynamisme des mots et les éclairs sagaces qui les traversent.

Lisez "Fan Man" si vous vous sentez une âme punk. Lisez "Fan Man" si vous aimez les doux dingues. Lisez "Fan Man" pour ce shot d'endorphine qu'il procure, et le génie de son héros armé de son luth chinois, prêt à vous ensorceler avec ses compositions interstellaires. Lisez "Fan Man" avant qu'il ne soit trop tard. Le pied est TOTAL !

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