“Joker” et “Lartigues & Prévert” de Benjamin Adam (La Pastèque, 2015 et 2013)
Vous avez toujours rêvé d'une bonne bande dessinée dans la veine de Fargo ? Ce genre d'intrigue policière glaçante, qui prend son temps pour se dérouler, avec un cadavre dans le coffre d'une voiture, deux gonzes en cavale un peu perdus qui tentent de vivre avec cette situation pour le moins problématique ? "Lartigues et Prévert" est fait pour vous. On adore ses procédés scénaristiques qui nous rendent actifs, et ses présentations par le biais d’interrogatoires qui ont tout de commérages.
Vous préférez une histoire dense, où chaque page compte et où le découpage pourrait faire penser à certains films de Wes Anderson, commençant systématiquement sur la mise en avant d'un nouveau protagoniste cadré au centre, pour ensuite dérouler la pelote de laine qui l'accompagne, amenant intelligemment des ellipses et autres flashbacks. "Joker" est un pur régal de narration, d'une efficacité terrible, qui nous oblige à ralentir et savourer chaque page comme on en défilerait quinze ailleurs.
Voilà ce que vous devez retenir du travail de Benjamin Adam, que vous connaissez probablement pour la bande dessinée "Soon" chez Dargaud, co-écrite avec Thomas Cadène, et qui trouvait le parfait équilibre entre les différents types de narrations pour ne jamais tomber dans la verbosité excessive, tout en nous nourrissant au maximum de données essentielles à la construction de son monde futuriste ; ce que l'on doit retenir nous disions c'est bien une efficacité à toute épreuve ainsi que des planches qui se renouvèlent et nous emmènent régulièrement sur des nouveaux territoires. La lecture de ces deux livres est un pur régal fait de découvertes, de surprises et de pages que l'on aime scruter dans leur moindre détails.